Notre Damette
NOTRE - DAMETTE
Aucune archive, ni études, ne relatent la construction de cet édifice, situé au croisement d'une route Départementale et d'un chemin vicinal situés en direction de Boutenac .
D'après un ancien de LUC, qui me racontait quelques anecdotes sur le village, il semblerait que ce petit oratoire aurait été érigé, pour signaler aux pèlerins la direction à prendre pour aller à Saint-Jacques de Compostelle, en empruntant le chemin de Prat- de-Bosc pour continuer vers Bizanet, via l'Abbaye de Fontfroide, où certains faisaient une halte, avant de poursuivre sur la route des monuments (1) qui étaient susceptibles d'être visités par les marcheurs du chemin de Saint- Jacques.
Voir en référence la carte de la route délimitée par Notre Damette où l'on voit que c'est bien une voie conseillée sur le chemin de Saint-Jacques .
Une autre hypothèse me pousse à noter que ce monument aurait été construit comme lieu de prières.
En effet au Moyen -Age les abbayes de Fontfroide et de Lagrasse, seules abbayes de la contrée des Corbières, possédaient de gros troupeaux de moutons qui se chiffraient par plusieurs centaines et même milliers de têtes.
Or ces troupeaux qui broutaient l'herbe autour des abbayes, se trouvaient parfois en manque de pâture et les bergers devaient sortir hors des limites (2) pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs bêtes, faisant même des dizaines de kilomètres, ils arrivaient ainsi jusqu'à Luc accompagnés par un moine "convers" (3), moine non cloitré qui était autorisé à sortir hors des murs et aller dans la civilisation, ceci afin de contrôler le troupeau à tout moment et éviter que le berger nourrisse l'envie de travailler à son compte en vendant quelques bêtes .
Or le moine accompagnateur, devait tous les jours prier à des heures régulières, comme c'était le cas lorsqu'il était dans l'abbaye. Pour répondre à cette règle il devait bâtir un édifice où il pouvait se recueillir quand il le voulait. C'est vraisemblablement pour cette raison que l'édicule de Notre-Damette fut construit.
Le soubassement et l'encadrement de la niche sont médiévaux. Quant à la construction, le mortier d'assemblage est récent car le petit monument a été vraisemblablement restauré pour le consolider, cependant on peut supposer que les pierres qui le constituent sont des matériaux lui appartenant ou ont été apportés des alentours. Certaines ont subi un feu(4) et ont une couleur rouge brûlé. Alors soit ce monument s'est écroulé, et a été rebâtit, ou plus plausible, détruit à la Révolution, puis reconstruit. Le mortier de la niche quant à lui semblerait dater d'une consolidation du début du 20ième siècle.
La première vierge répertoriée par les habitants de Luc, est celle qui se trouve sur la tombe du cimetière vieux (cimetière jouxtant la chapelle de Canos) de la Famille Jean GALINIER, mais celui -ci s'étant fâché avec le curé de l'époque, reprit la vierge de Notre-Damette, pour la sceller sur le caveau de sa famille, elle fut remplacée par une autre vierge sculptée en 1943 par Monique ANDRIEU-GEZES.
Depuis à part une disparition en février 1997, et retrouvée dans une vigne aux alentours, elle trône dans sa niche, où certaines personnes viennent lui apporter quelques fleurs, symbole d'un attachement religieux et patrimonial.
(1) A l'époque du pèlerinage de Saint -Jacques, les "Romeüs" (prononcer Roméous) s'arrêtaient effectivement dans les structures religieuses (ou autres), mais ne visitaient aucun monument, leur but étant Santiago en Galice (autre nom de Saint-Jacques).
(2) Les abbayes, au Moyen-âge étaient avant tout des Seigneuries, les troupeaux ne pacageaient que sur les territoires de celles -ci .
(3) "Convers": moine ayant prononcé ses vœux, mais non cloitré, en général chargé des taches matérielles (boulangerie, jardinage, cultures diverses, troupeaux etc…)
(4) Pierre rubéfiée.
Henri NESTI
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