Les Fontaines de Luc sur Orbieu

Après la démolition de la maison  MARTEL et sa transformation au sol en parking, le Maire et son Conseil Municipal ont décidé d'adjoindre à cet emplacement une borne fontaine à l'eau potable,  pour désaltérer les gens de passage, par exemple les cyclistes qui traversent souvent notre village. Heureuse initiative car dans notre localité les fontaines, nombreuses à l’époque, ont totalement disparu. Pourtant saviez-vous qu'en séance du conseil municipal du 27 février 1884 il était  voté un budget pour la création de fontaines publiques dans le village ?

 

Ces fontaines aujourd'hui disparues ou presque se trouvaient dans des endroits stratégiques du village permettant ainsi aux habitants d'aller chercher l'eau pour tous les besoins quotidiens de la maison, certains en effet ne possédaient pas de puits particulier dans leur habitation.

 

La seule rescapée en l'état est celle située sur le mur de la Cave Coopérative RUE des VIGNERONS,  qui à l’époque, nous donnait une eau très fraîche durant l'été et nous désaltérait lorsque nous allions la pomper pour la boire avec plaisir. Cette pompe avait du succès, surtout les jours de grosse chaleur, où sur le coup de midi, se tenait une véritable procession où tous les riverains du quartier arrivaient avec leur carafe ou leur broc pour la déguster avec bonheur à leur repas. Habitant dans ce quartier durant mon enfance, il arrivait qu'avec certains jeunes nous utilisions cette pompe pour rendre service à des personnes âgées qui n'avaient pas la force de pomper.  Cependant certaines maisons du quartier possédaient aussi  un puits qui servait  pour la boisson et les besoins d'hygiène. Il faut noter pour l'anecdote que des ouvriers de la cave qui faisaient des travaux ont trouvé un squelette aux alentours de la pompe, tout le quartier en a été alerté mais a continué à en boire!

 

Il faut insister sur le fait que l' eau des fontaines du village  consommée par toute sa population n'a jamais engendré d'épidémie , pourtant à l'époque l'eau des éviers  se déversait dans les ruisseaux extérieurs   et celle  des caves au sol en terre ,où s' infiltrait le purin  des chevaux , n'ont jamais pollué les nappes phréatiques.

 

Parlons maintenant de la deuxième pompe qui se trouvait PLACE NEUVE à l'emplacement du rond point actuel situé devant la grande maison BALESTE. Cette pompe bâtie en véritable pierre de FERRALS  était un monument à l'entrée du village. Flanquée d'une tour en pierre carrée et d'une auge en demi-cercle, elle possédait une énorme roue comme celle des pompes à chapelet, avec un robinet au -dessus de l’auge, elle était également  équipée d'un bras au -dessus du robinet pour remplir les barriques de sulfatage. Au-dessus de la tour  cette fontaine était surmontée d'une tête de la république en fer qui pivotait sur son support, face  tournée vers LEZIGNAN, certains jeunes du village montaient sur l'édifice et tournaient cette tête vers la maison BARRIE (aujourd'hui VIDAL) ce qui mettait en colère son occupant  qui se précipitait aussitôt pour la retourner  vers LEZIGNAN.

Cette coquinerie se déroulait surtout lorsque les jeunes fêtaient un événement (conseil de révision, fête du premier Mai, fête de Luc).

 Ce monument fut  détruit lors de la mandature du Maire Jacques LAGARDE, qui avec son Conseil Municipal décidèrent de l'enlever compte tenu de l'afflux très  important des véhicules automobiles et camions qui empruntaient la voie LEZIGNAN -BOUTENAC. En effet les gros camions ne pouvaient contourner la fontaine en restant à droite, car ils risquaient  de raser le mur de la maison BARRIE  et d'en abimer la façade, ils roulaient donc  à gauche coté Maison des Gourmandises et se trouvaient souvent nez à nez avec des véhicules roulant en sens inverse.

C'est ainsi, pour s'adapter au temps qui évolue,  que fut démolie la plus belle fontaine du village !

 

De la  troisième pompe située derrière la PLACE de la REPUBLIQUE, face à la POSTE, ne reste que son socle et son auge, la pompe a disparu ! Elle servait également  à cet endroit aux habitants du quartier , mais aussi surtout lors des fêtes d'Août , à côté des cafés et de la piste de danse , elle nous servait alors , lorsque nous étions jeunes, à remplir nos pistolets à eau pour organiser des batailles où l'on se mouillait copieusement , mais aussi pour aller surprendre et arroser les personnes âgées assises autour du bal qui se mettaient en colère, car elles n'arrivaient pas à savoir quels étaient les garnements qui les avaient  arrosées .

 

Une autre pompe était installée PLACE de L’ALARIC, fixée sur la murette longeant le ruisseau qui va à la CAVE COOPERATIVE, côté droit du pont près de la maison de JEAN BELTRAN. Cette pompe appelée  Pompe de la " CAROTTE ", surnom de Marie BERNEDE qui habitait alors la maison de Jean et Micheline BELTRAN. Elle était la veuve de Léon BERNEDE tué à la guerre de 14/18.

Cette pompe était protégée par une tôle côté nord afin que les personnes qui venaient y prendre de  l'eau soient abritées du vent du CERS. L'eau s'écoulait dans le ruisseau en contrebas  appelé "REC de la BINASSO ". Cette eau provenait et  était pompée dans le puits de la maison de Marie BERNEDE, aujourd'hui maison Jean BELTRAN.

Pour descendre dans le ruisseau il y avait à l'époque deux marches et le ruisseau n'était pas cimenté.

Marie BERNEDE  alla finir ses jours chez les sœurs à LAGRASSE et lorsqu'elle mourut on la transporta de LAGRASSE à LUC sur une charrette tirée par un cheval  afin d’être enterrée au cimetière du village.

 

Une autre fontaine était placée GRAND RUE, adossée au mur du jardin TOURNIER, face aux maisons TOURNIER et GAXIEU, c'était peut-être une des plus utilisées du village car située sur le croisement de la route de BOUTENAC, elle était aussi plus facilement utilisable que celle de la PLACE NEUVE avec son grand volant.

 

Il ne faut pas oublier la fontaine PLACE OCCITANE  qui était située sur le mur   face à la grande maison BALMIGERE,   juste avant le coin agrémenté aujourd'hui d'un petit jardin  et sa fresque représentant le village. C'était une belle pompe et son auge de pierre. Encore une disparue !

 

Une dernière pompe répertoriée se situait à l'angle de la RUE du MAIL et de la RUE de la GAFFE, angle de la maison LESTEL. Elle aussi a totalement disparu, elle était pourtant un lieu de rencontre car un banc de pierre la jouxtait sur sa gauche, banc sur lequel venaient s'asseoir, durant les douces nuits d'été et  se rassembler durant les beaux jours de l'année toute une population du quartier pour "papoter " sur les dernières nouvelles du village.

 

Tout comme Charles Aznavour je vous ai parlé "d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ". Mais il est important  de reparler du temps de nos bons vieux grands -parents, c'est ainsi que se forge la" Petite Histoire " dans la " Grande Histoire"  de la vie.