La sonorisation à travers les années

Qui ne se souvient de ces interminables  publications qui étaient faites par les hauts- parleurs du village à toute heure de la journée !

Certains peut-être se  rappellent qu'avant c'était un employé de la localité qui exerçait le métier de "crieur public" . Celui -ci se mettait à certains endroits définis des rues du village pour informer les habitants de telle ou telle manifestation .

A LUC c'était Jean BARBAZA , né en 1869 et mort en 1936 qui était chargé de cette besogne . Muni d'un tambour il allait annoncer à la population des missives de la Mairie ou bien encore les marchands ambulants qui s'installaient sur une place pour vendre leurs marchandises .

Une fois Jean BARBAZA disparu , ce fût Monsieur POURCINE qui le remplaça , mais cette fois ci avec un appareillage bien plus puissant et plus commode , c'est-à-dire :  publication par hauts - parleurs , installés dans plusieurs endroits du village .

Dans sa séance du 16 avril 1949 : " le Conseil Municipal  sous la présidence de Monsieur Jacques LAGARDE Maire  , demanda l'approbation de gré- à- gré d'une sonorisation pour le village .

 Monsieur le Maire était entouré de son Conseil Municipal composé de Messieurs : LAGARDE, , RAYNAUD , FAGES , ASPERGES , DOMENECH , LAURIOL , SUBIAS , ALAUX , OURNAC ,TORREGROSSA , LAGARDE Paul , MIQUEL , GRIL . Tous émettent le vœu de faire procéder à la sonorisation du village et demandent à plusieurs Maisons compétentes d'établir un devis .

Après avoir pris connaissance des offres faites  et considérant que :  la sono du village a une utilité réelle  et que le devis présenté par la Maison PHILIPS est le plus avantageux tant pour le prix que la qualité du matériel , et des garanties offertes , que le montant de la dépense s'élève à 290.000 francs , considérant que pour assurer l'exécution du projet la commune dispose d'une somme de 300.000 francs , inscrite au budget primitif de 1949 , autorise Monsieur le Maire à passer un marché de gré-à- gré avec Monsieur MIQUEL , agent officiel de la Maison PHILIPS à LEZIGNAN pour les travaux de sonorisation du village dont le montant s'élève à la somme de 290.000 francs et demande l'approbation de l'autorité supérieure ."

Contrairement à ce que l'on croit la première cabine de la sonorisation fut installée dans la maison même où habitait  Monsieur POURCINE , c'est-à-dire le bâtiment situé derrière la salle Ernest FERROUL et où plus tard s'installa la famille de Louis Marty devenu employé de Mairie . Ce n'est que plus tard qu'elle fut déménagée dans la Mairie actuelle dans le cagibi sous les escaliers (là où l'instituteur SENIE rangeait son " barricot" de vin et ses sarments ; (voir la parution "Histoires scolaires " sur le site de la Mairie onglet Notre village et Les méoires Lucquoises) .

Dans les années 50/60 ils étaient trois à  se partager les dites publications , c'étaient Messieurs POURCINE , André AURIOL et Louis FRANC .

Les hauts- parleurs étaient installés , d'abord trois hauts -parleurs  sur un châssis élevé encore visible sur le toit de la Maison des Gourmandises ( Place Neuve ) , les  autres furent  installés  en bout de la rue des Vignerons (cave coopérative) angle de la rue de la Place et Grand Rue ( anciennement maison Tournier)etc…  Plus tard on continua d'en placer d'autres en raison de nouvelles constructions ou bien par manque de puissance de certains appareils.

Dans sa séance du 5 juillet 1949 il fut question de créer un poste de Régisseur des Recettes pour les droits de place et de publications : "Monsieur le Maire expose que la sonorisation du village réalisée depuis quelque temps , il y aurait lieu de fixer le taux des publications par hauts - parleurs ainsi que les droits de place et de pesage " .

 Les droits à fixer  concernaient aussi le pesage, en effet le village de LUC possédait  une bascule pour peser diverses denrées , celle -ci se trouvait à l'angle de la rue du Château , là où actuellement se trouve l'abri -bus . Plus tard elle fut déménagée rue Jules Ferry avec une petite cabane de pesées , se trouvant actuellement dans le jardin de Régis VILLA . Cette bascule trône aujourd'hui dans un rond point rue de la Paix .

Dans sa séance du 26 novembre 1955 : "Délibération  pour  achat et pose d'une bascule  que la Distillerie La Lézignanaise  propose   à la Mairie de LUC d'acheter. Ce  pont bascule de marque VOIRON  de 10 tonnes est d'une valeur  de 80.000 francs ,plus le  prix de la pose estimé à 150.000 francs".

Dans sa séance du 2 mai 1956 : "Approbation et mise en place du pont bascule , le projet primitif ne prévoyait que l'achat du pont bascule et la construction de la fosse . D'autres frais,  tels que la remise en marche de la romaine , la construction d'un édicule pour l'abriter ,la vérification complète du pont et sa mise en place par un spécialiste n'ayant pas été prévus , il y a lieu d'établir un nouveau projet dont la dépense s'élèvera à la somme de 400.000 francs. Monsieur POURCINE est désigné pour remplir la fonction de régisseur des recettes . Le conseil fixe le droit de place et de publication à 100 francs et 25 francs pour le pesage .

Après ce petit  écart au sujet  du pesage revenons au sujet qui nous intéresse : les publications à LUC.

Concernant le problème des chansons à utiliser afin d' avertir la population de l'arrivée d'un marchand ou autres annonces , on utilisait d'abord au début des disques 78 tours , puis vint l'époque du microsillon mais pour faire des économies on achetait un disque sur lequel on pouvait se servir de plusieurs chansons , c'est pour cette raison qu'on avait souvent du Charles Trenet , Gloria Lasso , Line Renaud , Patrice et Mario , Yves Montand , André Claveau, Annie Cordy ou Francis Lemarque . Par exemple lorsqu' on entendait "La mer de Charles Trénet "on savait que le poissonnier était sur la Place (la maison FREU ou plus tard LACAN ) "; Le bon vin "c'était pour la Cave Coopérative ; " Le Petit Cordonnier de Francis Lemarque  "c'était pour les chaussures Baillot de Narbonne ;  "Quelle heure est-il ? chanté par Patrice et Mario " était pour l'horloger de Fabrezan CROS ; et ainsi tout au long de l'année on pouvait aussi entendre : "Les lavandières du Portugal" ( Jacques Hélian)  ; "Mon pote le gitan "(Yves Montand ) ; "L'étranger au paradis " (Gloria Lasso) ; "La petite diligence "(André Claveau ) ; "La colline aux oiseaux " (Line Renaud );  "Un gamin de paris "(Yves Montand ) ; "Le torrent " (Gloria Lasso ) ; "Avril au Portugal " (Yvette Giraud ) ; "Etoile des neiges " (Line Renaud ) ; "Montagne d'Italie " (Patrice et Mario ) ; Maître Pierre , Les grands Boulevards , Domani  , Ma petite folie , La cueillette du coton , La fête au chapeau ,Gondolier , Buenas noches mi amor , Hello le soleil brille etc ….etc … D'autres marchands se publiaient eux -mêmes ,par exemple Le Parisien de Toulouse qui vendait des vêtements . Il y avait aussi des musiques militaires qui servaient uniquement pour passer des morceaux, parfois pendant des heures , avant les manifestations du 8Mai , du 14 Juillet  ou du 11 Novembre .

Comme il en avait été décidé à l'époque par la Mairie les publications étaient payantes et il fallait attendre que la personne responsable de ce travail se trouve là pour les faire , c'est pour cette raison que parfois c'était le ou la secrétaire de Mairie qui officiait car l'agent se trouvait sur un autre chantier  . Il faut noter que certains marchands pour se faire connaître possédaient une sirène sur leur camion afin d' annoncer leur arrivée sur la Place (Poissonnier ou Boucherie Chevaline Giacomi ) .

Parlons maintenant du réseau et installation des hauts -parleurs .

Le réseau tiré en fils de cuivre nu passait de maison en maison à l'aide de barres de fer scellées dans les murs sur lesquelles étaient fixées des isolateurs en  porcelaine qui recevaient les fils conducteurs . On peut encore retrouver celles -ci sur des maisons anciennes du village .

 Les hauts - parleurs  quant à eux furent de diverses marques , grosseurs et formes . Tout d'abord furent installés des hauts - parleurs en tôle d'aluminium , d'un diamètre assez important , puisqu'ils pouvaient mesurer jusqu'à 50 cm de diamètre , ces hauts - parleurs dans le jargon du métier étaient appelés des "Calebasses " puis au fur et à mesure qu'ils tombaient en panne on les remplaçait par des plus petits , toujours en tôle , jusqu' à finir avec encore des plus petits , plus   discrets et plus harmonieux , mais en plastique , ils étaient  ronds ou rectangulaires .

Dans sa séance du 2 juin 1956  :" le Maire expose que le Moulin n'a pas de réseau de sono .

Il propose en prolongeant le haut - parleur situé sur la Cave Coopérative et la pose de poteaux en bois d'en implanter un pour desservir le Moulin. D'autre part il faudrait aussi ajouter un haut - parleur  pour le quartier de la Gaffe et un autre pour celui de l'Eglise . C'est  la Maison MIQUEL de Lézignan qui fera les travaux pour une somme de 275.000  francs .

Voilà comment communiquait une population qui vivait dans les années 50/60 , avec quand même 7 épiceries (Mme GAXIEU Titi , Mme TEISSEIRE ,Elie DENOY  ,Marie  BASTIE  , Margot  VIE  , Juliette LAGARDE et Mme FUENTES ), 2 cafés sur la Place ( MICHOU et BONNET ).

Pour faire la différence avec LEZIGNAN , pour  ceux qui se rappellent de leurs moyens  de communication,  il y avait dans cette ville seulement un crieur public  Monsieur MONJUS  qui possédait une corne au son strident pour annoncer la publication des marchands  et un autre crieur  Monsieur GUIRAUD qui  annonçait les coupures d'eau , d'électricité et tout ce qui concernait les divers travaux en ville .

Ce document qui rappelle  la vie passée  à LUC vous permettra de retrouver , en vous promenant et en levant la tête , quelques traces de ce réseau de communication qui permettait de vivre  bien au courant de la vie, dans un village où chacun  ne se plaignait  jamais d'entendre les belles chansons de l'époque puisqu'elles annonçaient que les marchands venaient à eux pour leur permettre des achats  supplémentaires et commodes qui n'existaient pas dans le village .

C'était le temps  où personne ne se plaignait du cocorico du coq qui annonçait le lever du soleil et des travaux dans les vignes et où  la cloche qui sonnait ne dérangeait quiquonque car elle était le cœur battant  du village ,  LUC notre village Languedocien,  où nous vivions ensemble dans  l'harmonie et le respect de la Nature , des  Hommes et de leurs Coutumes .

                                                             Henri NESTI